Parution dans le journal L’Alsace

Parution dans l’édition L’Alsace du 28 mai 2018

 

Le célibat des prêtres face à la tradition

Lorsqu’un jeune prêtre dynamique est condamné à quitter sa mission parce qu’il a rencontré l’âme sœur, le droit canonique semble bien poussiéreux.

David Gréa est prêtre, 47 ans, curé de la paroisse Sainte-Blandine de Lyon. Une paroisse que lui a confiée son évêque pour lui redonner une nouvelle dynamique. Il remplit sa mission : en cinq ans, la paroisse passe de 120 à 1 600 paroissiens. Et un chantier a même été engagé pour bâtir une mezzanine dans l’église afin d’accueillir plus de personnes lors des célébrations. Pour Noël 2016, l’église étant en chantier, la messe de Minuit a lieu dans la patinoire de Lyon. Devant une assistance de 2700 personnes et 2 000 à l’extérieur ! Mais le Père David, passionné par sa mission de faire partager la joie de l’évangile a du mal à vivre le célibat. Il sait qu’il ne finira pas sa vie célibataire.

Et vint un jour Magalie. Une jeune femme protestante qui souhaitait vivre sa foi au sein d’une paroisse catholique. Petit à petit des liens amoureux se sont tissés entre eux. Ne voulant pas vivre dans la dissimulation, le Père David en parle à son évêque, Mgr Barbarin. Magalie pense qu’il faut en parler au pape, car David veut poursuivre sa mission de prêtre, mais ne peut plus respecter son vœu de célibat.

Rester prêtre mais ne plus être célibataire

Contre toute attente, David est reçu par le pape François qui l’écoute avec attention. Quelques jours plus tard il recevra même David et Magalie. Il demande au Saint-Père de pouvoir continuer à être prêtre sans rester célibataire. Le Pape prie avec eux et pour eux et les invite à accepter la patience de Dieu. L’espérance n’est pas morte.

Le retour à Lyon sera plus difficile. Mgr Barbarin suspend David de toute activité pastorale. Du jour au lendemain il ne peut plus célébrer la messe avec ses paroissiens.

Pire, comme il se marie civilement au printemps 2017, son évêque le traduit devant un tribunal pénal ecclésiastique. Un tribunal d’un autre âge qui se prend les pieds dans le tapis de ses règles et contradictions. Comme du temps de l’Inquisition, le jugement est écrit d’avance. Deux des trois juges ne viennent même pas à l’audience…

Et le père David sera rendu à la vie laïque. Il ne pourra plus poursuivre sa mission comme il le souhaitait.

Vers une évolution ?

Le célibat des prêtres a été instauré au XIe siècle. Et visiblement l’Église ne souhaite pas revenir sur cette tradition. Même si le pape François a déjà marqué à plusieurs reprises sont intention de faire bouger les choses.

Ce livre n’est pas un règlement de compte. David Gréa raconte son itinéraire de prêtre passionné. Sa volonté de rassembler, de créer une communauté vivante ouverte au partage.

Il souligne combien son évêque l’a soutenu tout d’abord, puis s’est heurté au droit canonique de l’église catholique qu’il a fait appliquer dans toute sa froideur administrative. Pour le prêtre qui prêchait la tendresse et la miséricorde de Dieu, ce fut une épreuve difficile.

Il confie combien sa relation avec Magalie avait enrichi son apostolat, sa façon de travailler avec ses paroissiens, de mieux les comprendre. Il répète à plusieurs reprises qu’il ne s’est pas battu pour lui, mais pour que l’Église donne sa pleine dimension aux hommes qui la servent dans le sacerdoce. Il plaide pour une évolution de ce statut imposé de célibataire.

Car pour lui, la mission sacerdotale a pris fin. Il a suivi une reconversion professionnelle, il vit avec son épouse Magalie et ils ont eu un fils. Ils vivent harmonieusement leur foi et leur vie de couple.

LIRE Une nouvelle vie. Prêtre, marié, heureux. David Gréa. Éditions Les Arènes. 400 pages. 18 €.

L’ALSACE_LIVRES_28-05-2018

A propos de l'auteur: D. Grea