Le Bal Littéraire des Sardine – avis sur le livre
Article de Dimitrov Margot sur le blog Le bal littéraire des sardine du 27 mai 2018
Profession prêtre
C’est à travers un article dans l’hebdomadaire La vie en avril 2017 que j’ai connu l’histoire de David Gréa, un prêtre lyonnais qui a décidé de se marier . Je m’étais réjouie pour ce couple que je connaissais pas. Je me suis dit que c’était une bonne nouvelle que ce prêtre connaisse ce bonheur, au grand jour.
Six mois plus tard, je rencontre Magalie et David Gréa dans un week-end communautaire de ma paroisse.
Dans mon blog Le bal littéraire des sardines, j’affectionne aussi les essais qui questionnent la société actuellement. Cette autobiographie est l’un de mes coups de cœur littéraires de ce printemps pour son style très agréable à lire, les questions que l’auteur soulève et son talent à décrire le portrait d’une France catholique qui croit toujours en Jésus en 2018 avec foi et ferveur.
Ce sont les Arènes, une maison d’édition grand public qui a publié le livre de David Gréa. Cet éditeur donne la parole à un croyant qui cite la Bible, explique l’importance de la prière dans sa vie et raconte au grand public en quoi la messe est vivante !.
J’aime beaucoup leur ligne éditoriale puisque j’ai déjà chroniqué trois livres publiés récemment aux éditions Les Arènes : Le secret d’Adèle, Was ist das et London out of the box. C’est un bon choix d’éditeur car ce livre s’adresse au grand public, en dehors de nos milieux chrétiens.
Je suis persuadée que le prêtre a un véritable rôle de médiateur dans la société actuelle et c’est d’ailleurs le sujet central de ce livre : le récit d’une expérience spirituelle et professionnelle de dix-sept ans au service des autres.
Le résumé :
Avril 2017, les journaux et les radios d’informations nationaux font leurs gros titres d’un événement privé et personnel. David Gréa, prêtre médiatisé de l’église Lyon centre en pleine croissance, est contraint de quitter précipitamment sa paroisse à l’approche de son mariage civil avec Magalie.
Cette autobiographie retrace le parcours d’un homme qui a réussi avec toute une équipe de laïcs et un groupe de louange pop Glorious à opérer un véritable renouvellement générationnel dans son église en adaptant le langage religieux à ce que vivent leurs paroissiens quotidiennement.
Ce livre n’est pas un manifeste contre le célibat de tous les prêtres, il raconte une expérience personnelle qui démontre que les bancs des églises catholiques sont loin d’être vides en 2018.
Mon avis :
J’aime beaucoup les autobiographies surtout quand elles sont bien écrites. C’est le cas de ce premier livre, ce n’est jamais évident de se raconter. David Gréa y parvient très bien dans un style fluide, empreint d’humilité et de grande sincérité.
Né juste après Mai 1968, enfant de la génération X, il raconte sa construction intellectuelle et spirituelle, héritée de son éducation issue du catholicisme social de ses parents dans la région de Lyon.
Lyon, c’est la ville d’où est partie la fameuse marche des beurs en 1986 avec le prêtre ouvrier Christian Delorme, interprété à l’écran par Olivier Gourmet dans le film La marche avec Jamel Debbouze. Ce film m’a marquée par la fraternité qu’il dégage.
David Gréa a été lui aussi un éducateur dans les quartiers populaires de Lyon, il s’attache à décrire avec vérité le quotidien d’un prêtre confronté directement à la réalité sociale, celle d’une société qui ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.
Le prêtre apporte du lien social là où il n’y en a plus, il tente de pallier aux manquements des institutions, de s’adapter à la montée de l’individualisme dans les paroisses et parfois, il s’épuise.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui raconte avec vérité les joies mais aussi les difficultés que rencontre un prêtre. La croissance de son église est très motivante mais elle demande beaucoup d’efforts d’engagement personnel pour écouter les paroissiens, les accompagner dans leurs difficultés ou se réjouir avec eux lors des baptêmes et des mariages, mais le soir, le prêtre se retrouve seul dans le presbytère.
David Gréa a dû se battre contre la solitude durant de longues années et son récit suscite beaucoup de compassion. Ce livre n’est pas un manifeste militant pour le mariage des prêtres même si c’est l’un des sujets centraux du livre. David Gréa raconte avec beaucoup d’estime l’écoute bienveillante de ses supérieurs, le cardinal Barbarin qui lui facilitera une entrevue avec le Pape François.
Un tribunal ecclésiastique lui a demandé de ne plus exercer son ministère de prêtre comme il s’est marié. L’une des forces de ce livre est de ne pas tomber dans le piège du livre à charge contre l’Eglise bien que ce témoignage mette en lumière l’absurdité des dogmes : exiger le célibat des prêtres est une règle mais pas une tradition biblique.
J’ai beaucoup aimé les citations de la Bible en début de chaque chapitre, elles expliquent aux lecteurs en quoi bon nombre de chrétiens comme David Gréa ou moi même, puisent dans la Bible des réponses à leurs questions, leurs choix de vie aujourd’hui.
Ma note : 5/5 sardines
C’était une lecture passionnante à mi chemin entre l’autobiographie et l’essai de société. J’ai apprécié le fait que l’éditeur ne soit pas un éditeur chrétien spécialisé pour que ce livre touche un public beaucoup plus large. C’est un témoignage passionnant qui éclairera chacun sur les spécificités de la vocation de prêtre aujourd’hui.
Retrouvez l’article sur le blog Le bal littéraire des sardines ici :
https://leballitterairedessardines.wordpress.com/2018/05/27/profession-pretre/